Le Café des Vallées

A l'heure où l'on poste ce billet, il n'y a aucun papier de synthèse sur Tembec; quelques éléments circulent ici et là, des informations souvent trop brèves et parfois des rumeurs. Le Café des Vallées, le premier, vous propose le point qu'on attendait en forme de revue de presse. La suite vous appartient.

Face à  la montée des stocks mondiaux de pâte à papier et à l'effondrement du prix du marché, le groupe canadien Tembec avait décidé le mois dernier d'arrêter la production sur plusieurs sites (L'Usine nouvelle 26/02/09 ). L'activité devait reprendre le 9 mars à  St-Gaudens.  Martin Malvy, pdt de la Région M-P et J-L Puisségur, pdt de l'association des maires, étaient intervenus auprès du gouvernement pour un débardage rapide du bois de la tempête de janvier (La Dépêche.fr 07/02/09). Mais l'usine n'a pas repris sa production; et c'est à  l'occasion du comité d'entreprise extraordinaire que la direction a annoncé aux représentants syndicaux que ce redémarrage n'aurait finalement lieu que le 30 mars (La Dépêche.fr 24/02/09).

    Les 270 salariés de l'usine, ainsi que les 120 employé de SEBSO, filiale de Tembec St-Gaudens, après avoir épuisé leurs congés, sont désormais dans une phase de chômage partiel et touchent 80% de leur salaire net. Mais ce sont également plus de 1500 autres emplois qui sont touchés en chaîne (fgFO 24/02/09). Face aux salariés inquiets et aux élus, la CGT a annoncé le 9 mars qu'elle ne discuterait pas avant la reprise. La position des élus du comité d'entreprise est catégorique : aucune discussion n'aura lieu l'usine arrêtée. Egalement aucune concession ne sera faite sur la partie salaires et temps de travail. (La Dépêche.fr 24/02/09).

    La forêt de Midi-Pyrénées, avec plus d'un million d'hectares, occupe le 3e rang national et l'usine Tembec de Saint-Gaudens est un des centres névralgiques de cette filière bois régionale (L'Usine nouvelle).  Or celle-ci connaît depuis des mois de graves problèmes, la crise amplifiant le phénomène. Suite au ralentissement économique mondial, on assiste a un effondrement des cours. Le papier se vend moins, la demande se raréfie selon le directeur de l'usine de St-Gaudens. A l'heure actuelle, le but est de vendre les stocks. Corollaire, les chiffres de demandes de chômage partiel s'envolent car les entreprises y recourent comme stratégie de gestion de la crise.
Suivant Les Echos (02/03/09) dans le secteur de la papeterie, les principaux acteurs du marché sont touchés. ./. Même situation pour le groupe canadien Tembec, qui a arrêté temporairement la production de ses principaux sites franàçais : Tarascon (Bouches-du-Rhône), Tartas (Landes). et dont le carnet de commande aurait baissé de 25 % en décembre et serait quasiment nul au 16 janvier (La Provence 16/02/09)  Depuis fin janvier le site de Tartas (fabrication d'aggloméré - 290 salariés)  est à  l'arrêt; et à Tarascon (pâte à papier) où les 275 salariés sont au chômage depuis le 8 février, la reprise a été repoussée également au 30 mars (France3 Méditerranée 25/02/09).

    C'est la totalité du groupe Tembec qui semble connaître des difficultés, peut-être plus que conjoncturelles : selon la presse canadienne de Montréal, le groupe qui emploie en Amérique du Nord (bois d'oeuvre) et en France environ 7000 salariés, a déjà dû dans le passé (récent) recapitaliser à hauteur de 1,2 Milliard après une dette de 1,5 Milliard de dollars US en 2007 (lapresseaffaires 26/01/09).  Au Québec, Tembec avait déjà arrêté son usine de pâte de feuillus de Matane dans le Bas-St-Laurent en janvier; le papetier expliquant ces mêmes mesures en France par la conjoncture et les prévisions défavorables. Tembec avait lancé un ultimatum à  ses fournisseurs, les intimant de diminuer leurs prix de 10 à 20% afin de les aider à  traverser la présente crise qui a donné lieu à  une importante baisse de la demande de produits. Tembec souhaite que ses fournisseurs de services absorbent à  compter du 1er février une réduction de 20% et que ceux de matériel consentent à une diminution de 10%, sans quoi elle pourrait rompre tout lien avec eux (lapresseaffaires).

    Pour les élus CGT du CE de Tembec-St-Gaudens, la situation du groupe Tembec est tendue sur le marché prioritaire, que ce soit sur le marché des pâtes ou du bois d'oeuvre (Amérique du Nord). Les prévisions sur le bois d'oeuvre restent au plus bas et une relance n'est pas envisagée avant 2010. Le marché de la pâte devrait se stabiliser d'ici la fin 2009. Cependant la relance semble fragile, une stabilité relative des prix de vente est envisagée en 2009 à  des cours très bas.(La Dépêche 24/02/09)
Seul bémol à ces inquiétudes, les arbres détruits lors de la tempête de janvier pourraient être utilisés pour la fabrication de la pâte par les usines.

Dans une région qui ne compte pas beaucoup d'entreprises, un site, fût-il Seveso II à haut risque, ne saurait rester fermé sans créer des dommages à l'ensemble de l'économie et surtout d'importants dégâts humains.
Personne n'ose aujourd'hui l'imaginer; l'idée fait frémir mais il faut pourtant rester vigilant.
L'attente est longue.


Martin Pech, Le cafeteur des vallées
(photos ritaP pour le CaféDv)