Mardi 12 mai - EAU ARGENTEE - Soirée Amnesty International au cinéma Le Régent à St-Gaudens
Publié le mardi 05 mai 2015, 20:48 - modifié le 10/05/15 - ◊ NOS SOIREES AU CAFE ET AILLEURS - Lien permanent
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Nous ne sommes pas sans nouvelles de la guerre en Syrie, qui sévit depuis maintenant trois ans. Au début rares, les images ont percé peu à peu, puis déferlé sur YouTube. Certaines d'une violence presque insoutenable, filmées par des milliers de Syriens : scènes de combats de rue, de deuil, mais aussi de tortures, d'humiliations. Comment s'y retrouver dans un tel chaos visuel ? Cette question, Ossama Mohammed ne cesse de se la poser, dans un murmure, une sorte de recueillement qui amortit les déflagrations. Lui reste invisible, mais on entend sa voix, à la fois lueur, plainte, baume. Auteur reconnu de plusieurs films (dont Etoiles de jour), ce Syrien, en exil à Paris depuis ses prises de position en 2011 contre le régime de Bachar al-Asad, confie, face aux vidéos qui défilent, son tourment de ne pas être au côté du peuple qui se soulève. A travers tel ou telle qu'il repère et singularise, il reconnaît sa propre peur, ou son courage, sa vigueur, son chagrin.
Un cortège d'hommes en colère grossit, devient marée humaine. De la neige tombe sur un cercueil ouvert et transporté à bout de bras. Un adolescent prisonnier est contraint de lécher la botte de son bourreau. Le cadavre d'un proche est traîné sur le sol, ramené au moyen d'un grappin de fortune pour éviter les snipers. Qu'elles témoignent d'un réalisme brutal ou étrange, toutes ces images nous touchent, parce que Ossama Mohammed fait en sorte d'y inscrire son propre regard. Il monte et démonte, compose une mosaïque de l'oraison et de la méditation. Autour de l'horreur de la guerre et de la fascination qu'elle exerce malgré tout.
En la personne de Wiam Simav Bedirxan, il trouve un appui inespéré. Cette jeune femme, dont le prénom kurde signifie « eau argentée », est, elle, plongée au coeur du conflit, à Homs. Elle entre en contact avec lui. Un lien se crée, elle lui écrit, lui envoie ce qu'elle filme, au jour le jour, de sa ville assiégée : un enfant qui fleurit la tombe de son père avec un bouquet de coquelicots, des chats estropiés, dont les va-et-vient dans les rues désertes sont un encouragement à tenir. Fragments de poésie arrachés au réel, traces d'espoir et de larmes, sur fond de bâtiments éventrés. De confession solitaire, le film glisse alors vers la correspondance inédite en temps de guerre : un journal puissant à deux voix, harmonisé de manière très fine — entre les « cling » des mails reçus et le lamento envoûtant de la diva Noma Omran. Des milliers de kilomètres séparent Simav et Ossama, mais les rapproche leur amour d'un cinéma qui croit aux noces de la beauté et du combat politique. — Jacques Morice (Télérama)
Un cortège d'hommes en colère grossit, devient marée humaine. De la neige tombe sur un cercueil ouvert et transporté à bout de bras. Un adolescent prisonnier est contraint de lécher la botte de son bourreau. Le cadavre d'un proche est traîné sur le sol, ramené au moyen d'un grappin de fortune pour éviter les snipers. Qu'elles témoignent d'un réalisme brutal ou étrange, toutes ces images nous touchent, parce que Ossama Mohammed fait en sorte d'y inscrire son propre regard. Il monte et démonte, compose une mosaïque de l'oraison et de la méditation. Autour de l'horreur de la guerre et de la fascination qu'elle exerce malgré tout.
En la personne de Wiam Simav Bedirxan, il trouve un appui inespéré. Cette jeune femme, dont le prénom kurde signifie « eau argentée », est, elle, plongée au coeur du conflit, à Homs. Elle entre en contact avec lui. Un lien se crée, elle lui écrit, lui envoie ce qu'elle filme, au jour le jour, de sa ville assiégée : un enfant qui fleurit la tombe de son père avec un bouquet de coquelicots, des chats estropiés, dont les va-et-vient dans les rues désertes sont un encouragement à tenir. Fragments de poésie arrachés au réel, traces d'espoir et de larmes, sur fond de bâtiments éventrés. De confession solitaire, le film glisse alors vers la correspondance inédite en temps de guerre : un journal puissant à deux voix, harmonisé de manière très fine — entre les « cling » des mails reçus et le lamento envoûtant de la diva Noma Omran. Des milliers de kilomètres séparent Simav et Ossama, mais les rapproche leur amour d'un cinéma qui croit aux noces de la beauté et du combat politique. — Jacques Morice (Télérama)
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