Etat d'urgence - L'assemblée citoyenne Nuit Debout de St-Gaudens interpelle le sous-préfet
Publié le vendredi 20 mai 2016, 00:07 - modifié le 23/12/17 - LUTTES - Lien permanent
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Saint-Gaudens, le 19 mai 2016
Monsieur le Sous-Préfet,
L'assemblée citoyenne Nuit Debout de Saint-Gaudens s’inquiète fortement des mesures d'état d'urgence et de leur prolongation, néfastes à l'État de droit qui devrait prévaloir dans la République et à ses citoyen-ne-s sans distinction.
Comme vous le savez, l'état d'urgence permet notamment
- D'assigner à résidence des personnes sur simple décision du ministre, donc sans le contrôle d'un juge.
- De perquisitionner de jour comme de nuit chez des personnes sans contrôle préalable d'un juge.
- De dissoudre très rapidement des associations et d'interdire des rassemblements ou des manifestations.
D'autre part, nous constatons que
- Les mesures d'urgence sont formulées de manière vague, ce qui laisse un champ d’application beaucoup trop large aux administrations relevant de l'Exécutif chargées de les mettre en œuvre. Dès lors, le risque de mesures prises arbitrairement est extrêmement élevé.
- L'application de ces mesures d'urgence est disproportionnée par rapport aux objectifs fixés.
- Certaines mesures d'urgence ont été appliquées sur des bases discriminatoires, sur la base de la religion ou de la croyance, en particulier à l'encontre de musulman-ne-s. Par ailleurs, nombre de nos concitoyen-ne-s sont aujourd'hui victimes de la multiplication de « contrôles au faciès ».
- Le gouvernement invoque l'efficacité des mesures. Mais un seul chiffre en dit long : plus de 3000 perquisitions au bout de 3 mois, pour 2 mises en examen !
- Les autorités ont utilisé des mesures d'urgence à des fins autres que celles qui motivaient initialement l'état d'urgence.
(Sources : Amnesty International)
En particulier, ces mesures ont servi à empêcher toute contestation de citoyen-ne-s soucieux de la défense de l'environnement pendant la COP 21. Aujourd'hui, elles sont utilisées contre le mouvement social qui s'oppose massivement à la loi travail : des citoyen-ne-s (dont un journaliste) se sont vu notifier l'interdiction pure et simple de manifester (plusieurs dizaines depuis le 14 mai!).
Les motifs invoqués par le gouvernement étaient, entre autres, la protection de nos concitoyen-ne-s dans leur manière de vivre et de se rencontrer librement (en particulier la jeunesse) . Mais aujourd'hui, nous assistons à une répression du mouvement social porté notamment par cette même jeunesse.
Comment peut-on imaginer une expression digne de la République dans le vacarme silencieux de la suspension du débat par un gouvernement responsable de la situation ? Comment encore parler de Démocratie si des lois aussi importantes que la « loi travail » sont imposées par l'utilisation du « 49-3 » et si le droit à manifester est dans le même temps remis en cause ?
L'insécurité est réelle aujourd'hui, si le/la citoyen-ne a peur d'aller manifester le premier Mai, par crainte de la police censée le protéger. On nous objecte les risques de dégradations par certains manifestants : rappelons que la dégradation d'objets est une chose, et que la réponse ne peut être dans l'extrême violence (au moyen d'armes dont certaines peuvent blesser gravement, voire donner la mort) contre les êtres humains que sont les manifestant-e-s.
La
République française doit retrouver la voie de la souveraineté
démocratique. Le choix du tout répressif et de la surveillance
généralisée transforme l’état de droit en état policier sans
aucun résultat probant, sacrifiant sur l’autel d’une soi-disant
sécurité, notre identité démocratique et républicaine.
La
République française doit retrouver le discours de l'égalité et
une parole publique respectueuse des différences. La République
française doit retrouver le chemin de la fraternité qu'elle a
abandonné au profit des logiques d'exclusion.
Pour toutes ces raisons, nous affirmons notre désaccord et notre résistance aux politiques de l'urgence qui sont des politiques de la peur, et qui si nous n'y prenons garde, deviendront permanentes.
Nous
demandons donc l'arrêt immédiat de l'état d'urgence.
Veuillez croire, Monsieur le Sous-Préfet, à l'expression de nos sentiments républicains.
L'assemblée citoyenne Nuit Debout de Saint-Gaudens
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