Hôpital Kamal Adwan : l’innommable se déroule sous nos yeux

Nous, organisations humanitaires et soignants de France, souhaitons interpeller nos représentants pour imposer à Israël la cessation des attaques militaires dirigées contre l’hôpital Kamal Adwan, depuis plus de 80 jours, ainsi que la levée du siège sur Gaza qui soumet les civils à une famine.

14 mois après le début de la guerre menée par Israël contre Gaza, le bilan est cataclysmique : plus de 45 000 morts dont 14 500 enfants, 106 888 blessés de guerre. La revue scientifique The Lancet estimait que plus de 186 000 morts pourraient être imputables au conflit actuel à Gaza. Ce chiffre comprend les morts identifiés, les personnes encore ensevelies sous les décombres ainsi que les personnes souffrant de pathologies aiguës ou chroniques mortes suite à l’absence de soins.

La dévastation des infrastructures a fait de cette minuscule enclave côtière un paysage dystopique : 80 % du bâti est détruit, la population est sans eau, sans électricité, ni traitement des eaux usées. Ce qui se passe sous les yeux du monde est la chronique d’un génocide annoncé dès le 8 octobre par le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant, actuellement sous mandat d’arrêt de la Cour pénale
internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans la bande de Gaza occupée, qui affirmait publiquement : « nous imposons un siège complet à Gaza. Pas d’électricité, pas d’eau, pas de gaz, tout est fermé (…) Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence ».

Des hommes et des femmes brûlés vifs, des corps d’enfants déchiquetés, des fosses communes près d’hôpitaux assiégés, nous pensions avoir utilisé tous les superlatifs pour décrire l’horreur de cette guerre mais ce qui se passe dans le Nord de Gaza est d’une terreur indescriptible. Les forces israéliennes imposent depuis 84 jours un siège total à Beit Lahiya, Beit Hanoun et certaines parties de Jabaliya.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, Gaza est confrontée à une augmentation inquiétante des cas de malnutrition et de famine en raison du blocage de l’aide humanitaire vers le Nord. Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations Unies a déclaré le mardi 17 décembre 2024 que « l’ONU a tenté d’atteindre ces zones assiégées 40 fois, dont 38 tentatives ont été refusées et deux entravées depuis début décembre ». L’accès de l’aide humanitaire est conditionné à des critères opaques et changeants.

L’armée israélienne a ordonné l’évacuation de l’hôpital Kamal Adwan qui dispose d’un service de néonatologie soignant de grands prématurés et disposant des seules couveuses opérationnelles dans le Nord de Gaza. Les autres hôpitaux dans cette zone ont cessé de fonctionner ne disposant plus ni de station d’oxygène, ni de carburant ni de générateurs. L’évacuation d’une structure médicale encore fonctionnelle est une perte brute d’accès aux soins pour des milliers de civils Gazaouis et ce, dans un contexte de guerre totale avec des attaques incessantes contre les civils.

91 patients sont hospitalisés à l’hôpital Kamal Adwan, incluant des mères et leurs bébés prématurés. Évacuer l’hôpital est, selon le docteur Hussam Abu Safiya, « impossible » car ils ne disposent pas d’ambulances médicalisées pour transporter des patients dont des bébés qui nécessitent une assistance ventilatoire et un accompagnement par du personnel médical et paramédical. Dans le Nord de Gaza assiégé, l’hôpital Kamal Adwan est le seul lieu ayant encore la capacité d’offrir des soins d’urgence vitaux.

Le lundi 16 décembre, le directeur de l’hôpital Hussam Abu Safiya a alerté sur son compte Telegram que l’hôpital était attaqué par des quadricoptères et des chars. L’hôpital est actuellement privé d’électricité après que des attaques de drones israéliens aient touché ses générateurs et ses réservoirs de carburant. La situation est désastreuse et la communication avec le personnel médical a été coupée. Les services de maternité et de gynécologie ont été directement touchés. L’armée israélienne a pilonné les cours et les murs extérieurs de l’hôpital provoquant la panique parmi les patients. Le dernier message du Docteur Hussam Abu Safiya date du samedi 21 décembre, depuis il n’a plus donné signe de vie.

Dans son dernier message, le Docteur Abu Safiya lançait un énième cri de désespoir : « Nous avons appelé le monde à l’aide, nous avons supplié pour la protection de l’hôpital, mais nos appels restent sans réponse. Aujourd’hui, tout mouvement à l’intérieur ou à l’extérieur de l’hôpital est synonyme de mort. De plus, nous mourrons de faim. Transmettez cette vérité au monde ».

Nous demandons au Gouvernement français d’utiliser tous les moyens qu’il a à sa disposition pour obtenir :

- Une mobilisation immédiate des instances internationales pour assurer une protection effective de l’hôpital Kamal Adwan ;

- Un cessez-le-feu immédiat garantissant la protection des civils, du personnel hospitalier et des infrastructures de santé ;

- L’ouverture d’un couloir humanitaire bidirectionnel permettant le transport de malades et blessés de guerre, l’acheminement de matériel médical et de nourriture prenant en considération les besoins réels de la population.

Face à la violence extrême déployée contre Gaza, il est de la responsabilité des dirigeants de mettre en place des actions immédiates. Refuser d’agir, aujourd’hui, c’est rejeter les Palestiniens en dehors de la communauté humaine. La France ne peut s’y résoudre.

 

 

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Author: CafDv

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