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« Des enfants ont été déchiquetés » : à Gaza, le bilan s'alourdit de jour en jour

Jeudi 17 avril, quarante Palestiniens ont été tués par des bombardements israéliens.© Mahmoud Zaki / Xinhua / ABACA

Les bombardements de l'armée israélienne ont tué quarante Palestiniens dans la seule journée de jeudi 17 avril, tandis que l'aide humanitaire est toujours bloquée, sur décision de Benyamin Netanyahou.
La morbide litanie a repris comme avant le cessez-le-feu. À chaque jour, son décompte de Gazaouis tués dans des bombardements israéliens. Jeudi 17 avril, ils étaient quarante.
« Au moins 16 martyrs, la plupart des femmes et des enfants, et 23 blessées dans le tir de deux missiles israéliens sur plusieurs tentes abritant des familles déplacées dans la zone d'Al-Mawassi, à Khan Younès (sud) », a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile. Un père et son enfant ont été tués dans une frappe contre une tente de déplacés toujours dans la zone d'Al-Mawassi, a-t-il précisé. Et un autre bombardement sur une autre tente de déplacés à Beit Lahia (nord) a fait sept morts, « en majorité des femmes et des enfants ».

« De quelle humanité parlent-ils ? »
Des images de l'AFP montrent des tentes en feu dans la zone d'Al-Mawassi après les frappes et des membres de la défense civile tentant de les éteindre. Des corps sont ensuite transportés dans une ambulance, alors que des civils à la lumière de leur téléphone portable récupèrent des restes de corps dans des couvertures. « On était dans notre tente et soudain on voit une lumière rouge. Puis les tentes ont explosé et pris feu. Tout a explosé. Nous avons couru vers la mer et de là on a vu le feu se propager d'une tente à l'autre. Des enfants ont été déchiquetés ! De quelle humanité parlent-ils ? » s'exclame Israa Aboulrouss, une déplacée à Mawassi.
À Jabaliya, une frappe a touché un abri de fortune tuant au moins sept membres d'une même famille et un raid sur une école abritant des déplacés a coûté la vie à six personnes, selon la Défense civile. Deux autres Palestiniens ont péri sous des tirs israéliens à Gaza ville.
La veille, la photojournaliste gazaouie Fatima Hassouna, 25 ans, ainsi que dix membres de sa famille proche ont péri dans leur maison située dans le quartier d'Al-Touffah, dans le nord de Gaza, à l'occasion d'un énième bombardement. Diplômée en multimédia du collège universitaire des sciences appliquées de Gaza, cette Palestinienne documentait, depuis le 7 octobre 2023, le quotidien des habitants de l'enclave, interdite d'accès aux journalistes étrangers. Depuis le début de la guerre totale déclenchée par Israël, environ 200 journalistes ont été tués.
Le même jour, l'armée israélienne annonçait avoir transformé 30 % du territoire palestinien « en périmètre de sécurité », se targuant d'une centaine d'« éliminations ciblées » depuis le 18 mars, sans jamais apporter de preuves et sans répondre aux questions sur les victimes civiles qualifiées de « collatérales ».
Malgré les condamnations de nombreux pays et organisations, Israël maintient en outre l'interdiction de l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, décrétée le 2 mars. Le Hamas a accusé Israël d'utiliser « la famine comme arme ». Le Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a estimé cette semaine que la bande de Gaza connaissait « probablement la pire » situation humanitaire depuis le 7 octobre 2023.

Christophe Deroubaix
L'Humanité du 17 avril 2025